Il prit position sur une plate-forme de bois qui était juste au-dessus du vide.
- Vous venez ?
- T’est sûr que ton ascenseur y vas pas flancher ? Parce que les cordes sont toutes brulées là …Remarqua Jeda.
En effet les câbles n’étaient pas en très bon état et semblaient à moitiés fondus. Quel avait donc été l’intensité de l’incendie pour mettre les lieux dans un tel état ?
- Mais non ! Allez venez !
Et bon gré, mal gré ils montèrent sur la plate-forme. Elle commença à descendre normalement. Arrivés au milieu du trajet, Jeda pensa que ses craintes avaient été vaines. Tout semblait bien se passer. Sauf que la plate-forme se mit à tanguer et à être prise de violentes secousses !
- Qu’est ce qui se passe ? hurla-t-elle ?
- Un câble a cédé ! Accrochez-vous !
Thomas avait planté son épée dans le bois pour pouvoir s’y accrocher. Il s’y cramponna de toutes ses forces, mais une secousse plus violente que les autres lui fit lâcher prise et le précipita dans le vide !
- Aaaaaaaah !
- Non !
Soudain Thomas se rendit compte qu’il avait cessé de tomber ! Il leva la tête. Le Chat l’avait saisi par le poignet et le retenait. Il hurla :
- Merci ! Appuis sur le bouton rouge ! Vite !
- Jeda ! Le bouton rouge !
Le Chat ne pouvait plus tenir longtemps. Il dû se résoudre à utiliser son pouvoir. D’habitude il essayai de s’en passer, ça l’aurais « identifié ». Aussitôt, des arcs électriques entourèrent ses jambes et ses mains. Et il tira de toutes ses forces, décuplées par la canalisation. Le général eu l’impression d’être projeté en l’air. Il atterrit rudement sur la plate-forme. Pendant ce temps, Jeda avait réussi à ramper vers le bouton rouge, qu’elle poussa. Une dernière secousse agita la plate-forme puis le calme revint. Mais cette secousse avait projeté le Chat contre l’épée de Thomas… Ce dernier se releva tant bien que mal.
- Merci ! Tu m’as sauvé la vie !
Devant l’absence de réponse de son interlocuteur, Thomas s’inquiéta
- Ça va ?
Aucune réponse. Il s’approcha de lui. Le Chat était sans connaissance et adossé à quelque chose mais à cause de la pénombre du crépuscule, Thomas ne voyait pas à quoi. Dans le silence absolu qui régnait sur la plate-forme dévastée, on pouvait entendre un ploc ploc semblable à celui de la pluie. Mais il ne pleuvait pourtant pas… Il s’agenouilla à côté de lui et aperçu une tache sombre près du Chat… Soudain, il comprit : le ploc ploc, c’était des gouttes de sang qui tombaient et formaient la flaque en question ! Et ce à quoi il était adossé, c’était… son épée !
- Vite ! Aide-moi ! Il faut le soigner ! cria-t-il à Jeda
Heureusement, le Chat était tombé de biais sur la lame et celle-ci avait heurté les omoplates. La blessure était sans gravité ; mais il était toujours sans connaissance.
- Il faut lui faire un bandage.
- Mais on a pas de quoi !
Effectivement, ils n’avaient pas de quoi soigner le Chat… Et les uniformes éclairites étaient très difficiles à déchirer. Donc difficile d’envisager un bandage à partir d’un morceau d’uniforme. Mais il fallait tenter le coup. Le général récupéra son épée et tenta de couper le bas de sa manche. Aucune déchirure, pas même un fil qui dépasse ! Il lui fallait donc prendre autre chose. Puis il pensa à son pensement. Celui qu’il avait depuis l’attaque du camp, quand il s’était brûlé. Mais l’enlever, ce serait mettre à nu sa brûlure, provoquer des frottements dessus et donc retarder sa guérison. Mais c’était à cause de lui que le Chat était dans cet état. S’il n’avait pas laissé trainer son épée le Chat ne serait pas blessé et si ce dernier ne l’avait pas rattrapé il serait mort. Donc la solution s’imposait d’elle-même. Il fallait retirer le bandage et lui mettre. Et vite ! De plus il ne voulait pas avoir plus de sang sur les mains… rien que l’idée lui était insupportable.
Il interpella Jeda.
- Tu peux te retourner s’il te plaît ?
- Ok ?!
Thomas retira son T-shirt, ôta son bandage et remis avec une grimace de douleur sa tunique.
- C’est bon.
Elle se retourna. Et aperçu dans la main de Thomas une bande de tissu.
- Tu peux lui mettre ça, s’il te plaît ?
Elle acquiesça.
- Maintenant il faut avertir ceux d’en bas de notre problème. On ne peut pas raisonnablement essayer de descendre dans ces conditions.
- Mais comment ?
- Facile !
Il sortit d’une petite sacoche passée à sa ceinture un carnet et un crayon et commença à écrire. Il marmonna en même temps :
- Il faudra que je pense à rajouter une bande dans les sacoches… Plus pratique… mais Médoc a besoin de toutes les bandes en ce moment…
Il déchira la page du cahier et l’enroula sur elle-même. Puis il se dirigea vers une espèce de tube fixée sur la plate-forme, glissa le message dans un cylindre de bois, le referma et lança le tout dans le tube.
- Espérons que le système de communication n’aura pas trop souffert de l’accident…
- Ouais ! Espérons ! lança Jeda d’un ton sarcastique.
- A propos… Mes excuses. Tu avais raison de douter de la fiabilité de l’ascenseur. Lui dit Thomas
- Mmh… Tout le monde va bien ? marmonna une voix que Jeda et Thomas avait bien envie d'entendre...
- Le Chat ! Tu es vivant ?
- Ben oui ! ça ne se voit pas ? Mais je reviens de loin !
- Ouuuuf ! J’ai bien cru que …
- J’allais mourir ? T’inquiète ! C’est pas demain la veille ! Répondit-il en tentant de se relever.
- Reste assis. Médoc ne me pardonnerais jamais d’avoir permis, je cite, « un acte entravant la guérison du malade » dit Thomas en faisant des guillemets en l’air avec ses doigts.
- Merci ! et comme Thomas le regardait d’un drôle d’air, il se reprit : pour le bandage. Sans ça je serais en train de me vider de mon sang là.
- En même temps, je te dois bien ça ! Sans toi je serais un petit tas de chair humaine en bas !
Il se regardèrent et éclatèrent de rire. Mais ils furent interrompus par le tube où Thomas avait lancé son message qui se mit à vibrer et expulsa dans un « pop » satisfaisant un autre cylindre de bois semblable au premier.
- Ah ! on nous répond.
Il extirpa du cylindre un message et un long fil à l’aspect métallique au bout duquel était chevillé un crochet.
- Ils nous envoient un câble de rechange. Vu qu’ils ne peuvent pas monter, on va devoir tout faire nous -même.
- Expliques-nous ça. Demanda Jeda.
- Simple. On doit ôter le précédent câble et le remplacer par le nouveau, puis accrocher le crochet dans l’attache là-haut. La cause de l’accident étant que le précédent crochet était usé et a cédé. Mais il faut grimper en haut de la machinerie et c’est risqué. On n’est jamais à l’abri d’un coup de poulie et quand on… Enfin bref, c’est pas du gâteau. Précisa -t-il.
- Je m’en charge. Déclara le Chat, au grand étonnement de Thomas et Jeda.
- Mais…
- Passe-moi ce câble et je te montre ce dont je suis capable.
Il pris à part Thomas.
- Je sais que tu es blessé.
Thomas se demanda comment il avait deviné mais le Chat ne lui laissa pas le temps de répondre et continua
- J’étais dans un état de semi-conscience quand tu m’as soigné. Ça m’a pas empêché de voir ta blessure…et tes abdos.
Thomas se demanda si c’était un compliment ou une moquerie. Plutôt un compliment, d’après le ton du Chat.
- Et ma blessure ne me gêne pas du tout. Du coup…
- Du coup rien du tout !
Les 2 garçons se retournèrent, surpris.
- J’ai comme l’impression manifeste que vous m’oubliez, moi, intervint Jeda avec un petit sourire ironique. File-moi le câble, s’il te plaît.
En effet, ils avaient oublié Jeda.
- Tient. Dit Thomas.
Il lui tendit le câble mais il avait l’air un peu…septique. Ce que remarqua très bien le Chat.
- Macho, vas ! lui dit-il en laissant échapper un petit ricanement
- Bah quoi ?
- Regarde donc de quoi on est capable dans la fratrie ! lança Jeda avec un dédain affiché.
Et elle sauta. Très haut. Elle semblait sur le point de retomber quand elle saisit une corde et se rétablit avec une aisance incroyable.
- Cool, non ? Dit le Chat à Thomas (ce dernier était figé de stupéfaction pour la 2 fois de la journée et ça lui arrivait, très, très, peu souvent.) je te ferais bien une petite démonstration moi aussi mais je ne pense pas que tu apprécierais d’être supris pour la 3e fois de la journée. En plus, à la longue, tu risquerais de te décrocher la mâchoire et de te mettre à baver.
Thomas s’empressa de fermer la bouche, qu’il avait grande ouverte, et apprécia à sa juste valeur les acrobaties de Jeda qui étaient, il faut bien le reconnaître, fantastiques. On aurait dit qu’elle volait. En 30 seconde et 2 centièmes (il avait compté) elle avait atteint la poulie qui soutenait le câble défaillant, s’emparait de celui-ci et le jeta vers les deux garçons.
- Gare dessous !
- Héééééé !
Les câbles étaient en acier trempé. En prendre un sur la tête, c’était signer son arrêt de mort ! Thomas cru bien que la dernière heure du Chat était arrivée quand il vit le câble lui tomber dessus à la vitesse de l’éclair. Il ne pouvait rien faire. Juste assister impuissant à la mort de celui qui lui avait sauvé la vie. Mais le garçon leva simplement la main et un dôme lumineux aux reflets bleu et vert se forma au-dessus de lui. Quand le câble atteint le dôme, il s’arrêta et glissa dessus puis tomba à terre. Le dôme disparut en un claquement de doigts sans que le Chat aie l’air autrement secoué que ça. Thomas par contre…
- Tu… tu vas bien ?
- Oui, pourquoi ?
Le général en doutait sérieusement. Il avait remarqué les signes avant-coureurs d’une grosse fatigue.
- Note pour moi-même : l’utilisation de leurs pouvoirs à eux deux, quels qu’ils soient semblent leur coûter… Mais là, ce n’est pas représentatif, vu qu’il est blessé et que je ne sais pas combien de temps il a marché et plein d’autres facteurs… Allons, mon vieux, ressaisit-toi ! Voilà que tu parles d’eux comme d’une expérience scientifique… Pensa Thomas. Mais quand même prévoir une attelle pour la mâchoire ! Je pressens qu’ils vont m’en faire voir de toutes les couleurs…
Il ne croyait pas si bien penser…
Mais il fut coupé dans ses pensées par la voix de Jeda.
- Vous allez bien ? Désolée pour le câble. Au fait, je l’ai mis en place. Ça va le Chat ?
En effet, malgré ses affirmations son frère ne semblait pas aller très bien. Il était très pâle, autant qu’on pouvait en juger de nuit, mais on pouvait le voir à la lueur de la lune. Il s’agrippait à la rambarde pour ne pas s’effondrer de fatigue.
- Bravo ! Tu grimpes comme une championne ! S’exclama Thomas. Je vais tenter de rallumer le mécanisme. Tu es sûre que tu as bien fixé le câble ?
Elle répondit par l’affirmative, l’air un peu agacé.
- Pourquoi ? Tu en doutes ?
- Non, non ! Mais je pose cette question tout le temps tu sais ! Je suis un paranoïaque de la préparation, ajouta-t-il avec un brin d’humour.
- Mais pas de la sécurité à ce que je vois…
Elle alla s’appuyer sur un pilier de la plate-forme, l’air renfrogné.
- Joli, Jeda ! Lança son frère, qui malgré sa pâleur et sa fatigue évidente, ne semblait pas vouloir se démonter.
- Au poil !
Il s’agissait visiblement d’une blague dont le sens échappa au général.
- Elle est rancunière ta sœur ! Glissa-t-il au Chat alors qu’il appuyait sur le bouton relançant l’ascenseur.
- Ouais, un peu…
- Bel euphémisme !
- Je vous ai entendu ! Vous n’êtes vraiment pas discrets.
Ils se regardèrent et éclatèrent de rire. C’est dans cette ambiance joyeuse qu’ils arrivèrent en bas sans plus d'encombre.
C'est cool pour la suite 👍 ^^ !