La porte s’ouvrit en grand et la clarté lunaire baigna la chambre du Général. Une voix inquiète retentit.
- Thomas ! Est-ce que ça va ? Réponds !
Une silhouette s’encadra dans la porte et Lion apparu, l’air très inquiet. Thomas se releva et se jeta au cou de son ancien précepteur.
- Liooooooooooon ! snif… C’était horrible ! Snif ! Vous étiez… Tous morts
Le lieutenant eu l’impression de retourner 11 ans en arrière, quand l’enfant qu’était alors Thomas ouvrait timidement la porte de sa chambre en reniflant, pour ensuite éclater en sanglots en lui racontant son cauchemar. Parfois, c’était sa mère qui se faisait dévorer par des limaces géantes, tantôt c’était Médoc qui chutait d’une falaise.
Là, apparemment, ça dépassait le stade de la limace géante… Lion repoussa doucement Thomas et le regarda. Il avait eu très peur quand il avait entendu le cri poussé par le général. Les éclairites n’avais pas que des amis. Et on avait plusieurs fois tenté de tuer son ancien élève.
Entre temps, Thomas s’était un peu calmé mais une terreur sourde subsistait encore en lui. Il jeta un regard dehors. Tout était calme et on percevait au loin le bruit des cordes de la guitare de Yori. Il l’avait ENCORE emportée à son tour de garde… Avec Sar. Bon sang… Ce n’était VRAIMENT pas règlementaire. Mais le général n’avait jamais eu le cœur de le lui interdire. Il avait seulement réduit les tours de garde de Yori. Autant aller le relever, puisqu’il ne trouverait sûrement pas le sommeil… Il soupira et alla prendre sa tunique.
- Lion, je vais relever Yori.
- Tu es sûr de ne pas vouloir réessayer de dormir un peu ?
- Non. Tu peux retourner te coucher…Et merci.
- De rien gamin.
Thomas soupira. A seize ans, il n’était plus un gamin, mais un adulte, selon la logique de Teveama. Mais il savait qu’aux yeux de Lion, il serait toujours un gosse un peu maladroit. Il fit un sourire à son père adoptif et parti en direction de l’entrée principale. Une chouette hulula, faisant frissonner l’éclairite. Il hâta le pas et arriva rapidement à l’entrée.
Là, il aperçut Yori en train de gratter sa guitare et de loucher d’un œil sur ses cordes et de l’autre sur l’entrée. Enfin, la personne qui était assisse devant l’entrée. Soudain, Sar se releva et pointa sa lance sur le buisson derrière lequel se trouvait Thomas. Yori l’imita, avec un temps de retard. Le général eu un sourire et sortit des buissons.
- C’est comme ça que tu montes la garde, Yori ? En faisait la sérénade à Sar ?
L’éclairite se tourna vers son chef, sans qu’aucune émotion ne s’affiche sur son visage. Il rangea la guitare dans son étui, conscient d’avoir dérogé au règlement. Il se releva, toujours silencieux et s’inclina devant Thomas.
- Quelle punition dois-je m’infliger ?
Intérieurement, le général fit la grimace. Cette tendance à s’auto flageller dès qu’il désobéissait était un désagréable héritage de son éducation sayoka.
Ces soldats, éduqués comme des machines de guerre, ne devaient ressentir aucun sentiment et avaient des règles de conduite très dures. Un cadre hérissé de règles. Et si on en franchissait une seule…
Yori, lui, était le fils cadet d’un grand chef de guerre et il était considéré par les siens comme un prodige, mais un prodige rebelle. Son dos et son torse étaient encore couvert des cicatrices des nombreux coups de fouets subit. Comme punition ultime, on l’envoya se « performer » dans le clan de Thomas, ou plutôt dans l’alliance qui dirigeais son pays. Enfin, c’était compliqué. Toujours est-il que son pays envoya Yori chez Thomas, pour « resserrer les liens d’amitié » et se débarrasser de son jeune rebelle. Les deux jeunes s’étaient tout de suite appréciés et étaient devenus comme frères. Jamais Thomas sans Yori. Jamais Yori sans Thomas. Deux lits voisins, puis deux chambres quand ils eurent grandit. Puis, un jour, Yori dut repartir, au grand désespoir de son ami. Entre temps, on lui avait appris des techniques d’interrogatoire…discutables. Et horrible de cruauté.
Son clan, pour le tester, lui attribua comme tâche de faire parler une jeune guerrière lapatienne et de lui faire cracher tout ce qu’elle savais. Jusqu’à présent, elle n’avait rien dit. Elle avait hurlé et maudit à en perdre la voix, mais rien. Les lapatiennes revendiquaient descendre d’une déesse, Qualys, et s’attribuaient le titre de « filles de l’eau et de la jungle ». Leur rivalité avec les sayokas était millénaire et les 2 pays étaient en guerre constante. Mais ce que le conseil ne prévoyait pas et ne pouvait absolument pas prévoir, c’était ça…
Sar vit s’entrouvrir encore une fois la porte de sa cellule. Non, pas encore. Elle ne saurait passe retenir plus longtemps ses secrets. Un jeune garçon paru, un fouet à la main, habillé de l’étrange tunique à manches amples caractéristique de son clan. Il avait des cheveux noir ébouriffés et des yeux noirs plissés à l’extrême, presque réduits à deux fentes. Sar eu un coup au cœur. Il s’agenouilla sur la natte tressée qui faisait face à la jeune prisonnière et plongea ses yeux perçants dans ceux de Sar.
- Les questions basiques pour commencer. Ton nom ?
Elle hésita quelques secondes. Elle n’allait pas rester muette le temps que Qualys coupe le lien de sa vie… Ce qui arriverais sans doute bientôt. Elle avait de plus en plus mal. Aux poignets, tailladés par les chaines, au dos, aux jambes, bref, partout.
Et puis, comme ça, ils sauraient à qui restituer le corps…
- Sar… Mulangri
Un effort de trop pour la pauvre lapatienne, qui s’évanoui instantanément. Le sayoka regarda, impassible, sa prisonnière. Il se leva, dégaina son katana et s’avança vers elle. Il leva son arme… Et coupa les chaines qui retenais Sar au mur. Il allongea le corps sur la natte et examina les blessures qui constellaient la peau de la prisonnière. Des marques de coup de fouet et de fer rouge. Beaucoup trop. Le sayoka posa une main sur le front de la prisonnière. Il était brûlant de fièvre. Elle ne vivrais sans doute pas bien longtemps. Yori plissa les yeux. Il se retrouvais devant un dilemme.
Finalement, il souleva le corps amaigri par la prison et se dirigea d’un pas rapide vers la chambre de Nihonjan. Lui, il saurait quoi donner pour la guérir.
En fait, Yori avais eu un coup de foudre pour la jeune fille. Coup de foudre réciproque. Mais ils étaient issus de deux familles ennemies et Sar était une prisonnière de guerre que Yori était chargé de torturer, jusqu’à mort, s’il fallait. Donc leur situation était on ne peut plus compliquée. Au final, Yori avait fini par partir de son pays, suivit de Sar. Elle n’avait pas non plus pu rentrer chez elle, ils avaient donc erré jusqu’à ce qu’ils recroisent la route de Thomas.
- Il commence à faire nuit, on devrais s’arrêter, Yori.
L’ancien Sayoka plissa les yeux. En effet, le ciel s’assombrissait de plus en plus. Yori pointa du doigt des lumières, qui provenaient sans doute d’un village.
- Tu as raison, on aura qu’à aller là.
Un quart d’heure plus tard, ils étaient dans le bourg. Ils se dirigèrent vers la masure qui devait servir d’auberge et poussèrent la porte. Une bouffée d’air chaud et d’odeur d’alcool les frappa en pleine figure.
- Refermez la porte !
C'était un homme barbu qui avait parlé ainsi. Le client avait une balafre qui lui traversait le visage et un air peu avenant. Yori fronça les sourcils.
- Je te conseille de me parler autrement.
Le barbu le regarda, l’air de quelqu’un qui n’attendais que ça pour sauter sur sa proie. Il dégaina une courte dague, et Yori et Sar firent de même avec leurs armes respectives. Mais un étranger, le visage masqué par une large capuche, s’interposa entre eux.
- Allons, vous n’allez pas vous disputer pour une malheureuse porte, tout de même ? Surtout pas un soir pareil !
Yori, furieux qu’un étranger se mêle de ses affaires, tenta d’asséner un coup de poing à l’étranger. Coup de poing qui n’atteignit pas sa cible. L’étranger avait fait un pas de côté, saisit le poignet que allait le frapper et l’avait immobilisé d’une clé de bras. Yori poussa un grondement tandis que Sar appuyai la pointe de sa lance entre les omoplates de l’assaillant.
- Mollo, si tu m’embroches, j’aurais largement eu le temps de lui casser le bras avant. Mais je ne voudrais absolument pas en venir là. Surtout pas.
Sar appuya un peu plus fort entre les omoplates de l’étranger.
- Lâche le.
L’assaillant se mit à sourire. Etrange pour quelqu’un menacé de se faire embrocher dans les 5 secondes à venir.
- Si j’en viens là, c’est uniquement pour que Yori fasse marcher ses petites cellules grises. Allez, réfléchis ! Quelle est la seule personne au monde à pouvoir te battre désarmé, en te faisant une clé de bras et qui de surcroît, connais ton petit prénom ?
L’ancien sayoka fronça les sourcils.
- Euh…
- Bon sang, t’es toujours aussi long à la comprenette, frangin ?
Yori écarquilla les yeux avant de lâcher dans un souffle :
- Sar, laisse le s’il te plait.
La lapatienne compris que la personne qu’elle avait devant elle n’était pas n’importe qui. En tout cas, aux yeux de Yori. L’auberge entière retenais son souffle. L’étranger fini par lâcher le bras du compagnon de Sar et ôta, avec une difficulté visible, la capuche qu’il portait. Une coiffure blonde et ébouriffée apparue, suivit de deux yeux noirs qui pétillaient du contentement d’avoir joué un bon tour. Thomas. Les deux garçons se jetèrent dans les bras l’un de l’autre et l’auberge se remit à respirer. Une fois les effusions finies Thomas les pris par la main et les entraîna vers une table dans un coin sombre de la salle. Ils s’assirent autour de la table et Thomas leva une main, appelant une serveuse
- Je savais que vous alliez venir, alors j’ai réservé. C’est ma tournée.
Yori commanda un verre de seka, Sar un jus de mangue et Thomas un thé à la menthe. La serveuse repartit et revient rapidement avec les verres, pas trop sales. Il prit une gorgée de thé et fronça les sourcils
- Pas assez sucré. Et puis, leur menthe n’est pas très fraiche… Mais c’est passable.
Il reposa le verre sur la table et un lourd silence tomba entre les 3 attablés. Yori brisa le silence d’un ton sec.
- Je pense que tu n’es pas venu que pour me revoir ?
- Non. J’ai une proposition sérieuse à te faire, à toi et à Sar.
La lapatienne souris
- Qualys soit louée, j’ai bien cru que vous oubliiez mon existence dans vos affaires.
- Non. La proposition est la suivante : J’ai fondé, il y a quelques mois, une armée de mercenaires dont je suis le général, mais pas n’importe quels mercenaires. Si tu entres, pardon, si vous entrez parmi nous, vous devez vous engager à faire le bien. On est plutôt bien payés, car avec la disparition des énergamas, la place de « soldats bienfaisants » est laissée libre. On a déjà eu plusieurs missions, et on a actuellement 34 commandes sous les bras. Ça vous intéresse ?
Thomas se tu. Et Yori parti d’un grand rire.
- Tu penses vraiment que ça peut nous intéresser ? Ton truc tombera bientôt à l’eau, avec tout le respect que je te dois ! Avec nos talents, Sar et moi, on s’est trouvé une place chez quelqu’un qui a besoin de…
Son ami l’interrompit.
- De tueurs ? C’est ça que tu veux devenir ? Et y a plus de chances que ce type vous vende, avec la prime qu’il y a sur vos têtes !
Yori se tu et un lourd silence tomba entre eux. Silence rompu par Sar.
- Moi, ça m’intéresse. Il a raison sur toute la ligne, Yori. On ne va pas continuer à vivre comme des bêtes traquées, ni devenir de sales tueurs. Et au bout d’un moment, quand on aura plus besoin de nous… Couic. Alors j’accepte ta proposition.
Elle tendit sa main au général, qui la serra avec reconnaissance. Sar se tourna vers son compagnon.
- Alors Yori ? Tu choisis quoi ?
- Tu me force la main… Mais d’accord.
Et c’était ainsi que Yori et Sar l’avait rejoint. Thomas revient à la réalité et à la haute silhouette qui se tenait devant lui. Il posa sa main sur l’épaule de Yori.
- Tu ne t’infliges rien du tout. Je prends ton tour de garde, d’accord ? Toi, retournes te coucher.
Le général souhaita une bonne nuit aux éclairites et s’asseyant à leur place, observa les flammes qui dansaient dans le feu.
👏👏👏
Trop bien comme tout les autres !!!
Yes!
Génial! Quand sortira le 15?